Le travail de Benjamin Fouet séduit par la poésie de ses images mystérieuses.

Changements d’échelle — où le micro devient macro—, plans larges ou volontairement serrés, effets optiques (flou, ombre, mise au point, grain, saturation), choix du noir et blanc ou de la couleur, effet de texture/matière…

Par ce langage photographique, l’artiste nous exprime ses questionnements face à notre rapport au réel et à ce que nous croyons en percevoir.

Le soin accordé au tirage achève de donner à l’image sa profondeur, tout en multipliant ses possibles lectures.

Parfois à la limite de l’abstraction, ses photographies troublent notre vision et perturbent notre compréhension du monde, nous transportant dans un ailleurs possible. Ce sentiment est renforcé par la quasi-absence de la figure humaine, qui contraste avec la prégnance du végétal et du minéral, et amplifie notre trouble.

En articulant ainsi le réel et le rêve, ces images poussent notre regard à sonder cette porosité, cet inframince. Il nous faut alors explorer ce territoire sensible pour mieux ressentir l’imperceptible et doucement basculer derrière le voile.

Si la photographie est une « écriture des apparences qui met en scène le spectre, l’illusion, l’apparition et l’ombre »* (cf. Cat Vivian Maier), elle devient, pour l’artiste, un moyen d’approcher en filigrane une forme d’altérité de notre réalité et de sa perception.

Énigmatiques, les photographies de Benjamin Fouet deviennent alors des complices bienveillantes de narrations plurielles, où l’imaginaire du regardeur rejoint celui de l’image.

*Catalogue Vivian Maier (Musée du Luxembourg, 2021)